Isabelle Rivière, détentrice des droits d’auteur du Grand Meaulnes mit beaucoup de temps à accepter l’adaptation cinématographique du roman. En 1933, cependant son ami Jacques Copeau sut la convaincre de l’intérêt d’une telle entreprise. Il lui présenta un jeune décorateur de théâtre d’origine russe, André Barsacq, qui allait devenir le célèbre directeur du théâtre de l’Atelier ; il avait été l’assistant de Jean Grémillon, et s’étant passionné pour le cinéma, il rêvait d’adapter Le Grand Meaulnes. Isabelle se laissa tenter par l’expérience et écrivit avec lui un premier scénario. Mais tous deux se heurtèrent vite à la difficulté de trouver un producteur qui accepte les conditions de tournage exigées par la sœur d’Alain-Fournier.
De 1946 à 1959, le projet connut bien des hauts et des bas, mais ne parvint pas à aboutir ; en 1965, Isabelle Rivière annonçait à André Barsacq sa décision de mettre un terme à leur collaboration. Elle se tournait alors vers un jeune réalisateur, Jean-Gabriel Albicocco, qui avait adapté quatre ans plus tôt La Fille aux yeux d’or, d’après une nouvelle de Balzac. Le tournage devait durer plus d’un an, après une reprise totale du scénario, respectant les saisons et les lieux du roman avec une fidélité scrupuleuse. Ce fut une belle aventure, menée en Berry avec une équipe de jeunes acteurs – Brigitte Fossey et Jean Blaise, notamment – à laquelle Isabelle Rivière, âgée de soixante-quinze ans et que tous appelaient « tante Isabelle » participa de bout en bout.
Quarante ans plus tard, Jean-Daniel Verhaeghe, fort de nombreuses adaptations de chefs-d’œuvres littéraires au petit écran, tenta à nouveau l’expérience. Le film, sorti en octobre 2006, prend beaucoup plus de liberté avec le texte du Grand Meaulnes et en fait surtout un roman de l’amitié adolescente, transposant hardiment plusieurs épisodes de la biographie même de son auteur. Les deux adaptations cinématographiques ont été transférées sur DVD.