1) Le Berry
Le cadre géographique du roman se situe au coeur de la France, en Berry, dans le départe-ment du Cher. Paysages très divers, de la Sologne et du Pays Fort au Nord jusqu’au Boischaut vallonné et verdoyant au Sud : landes sablonneuses couvertes de bruyère et de forêts, à l’ouest de La Chapelle d’Angillon, montueux vignobles du Sancerrois, à l’est du même chef-lieu de canton, villages de grès rouge au nord-ouest du Bourbonnais, grands horizons proches des puys d’Auvergne qu’on aperçoit par temps clair de la chapelle de Sainte Agathe, c’est tout un univers que le petit Henri Fournier pouvait découvrir du train, en traversant le département pour venir en vacances chez ses grands-parents Barthe à La Chapelle d’Angillon ou chez son oncle Florent à Nançay.
Épineuil-le Fleuriel
Le village, situé aux confins du Cher et de l’Allier, est le principal lieu d’inspiration du romancier : celui de l’école communale où Henri Fournier a habité et où il fut l’élève de son père de 1891 à 1898 : l’écrivain l’a baptisé « Sainte-Agathe », du nom d’une chapelle romane perchée à 15 km plus à l’ouest. Près de la moitié du récit s’y déroule ; le château de Cornançay voisin a pu même inspirer certains éléments de la « Fête étrange ». Aujourd’hui la « maison-école du Grand Meaulnes » est transformée en musée et se visite tous les jours, sauf le mardi, du 1er avril au 31 octobre, ou même davantage sur rendez-vous (voir site de la maison-école). On y revoit, intactes, les salles de classe et les pièces de l’appartement de fonction décrites dans le roman, ainsi qu’aux environs, tous les lieux évoqués dans les autres chapitres.
La Chapelle d’Angillon
Entre Pays Fort et Sologne, la maison natale d’Henri Fournier, qui était celle de ses grands-parents maternels, existe toujours. Ce petit chef-lieu de canton, situé sur la route de Gien à Bourges a inspiré la description du village d’Augustin Meaulnes, La Ferté d’Angillon. La maison reste propriété de la famille d’Alain Rivière qui y a accueilli, après sa mère, de nombreux visiteurs ; bien qu’elle ait été surélevée d’un étage en 1910, les deux pièces du bas et le petit jardin de devant sont restés intacts, tels que Fournier les décrivait à son ami Jacques Rivière, durant l’été qu’il passa à Londres en 1905. La salle du conseil, au premier étage de la Mairie-école n’a pas changé davantage : c’est là que François vient apporter à Augustin « la grande nouvelle » et l’invitation à la « partie de plaisir ».
En revanche, le très beau château médiéval, avec son donjon du XIe siècle, que le petit Henri arrivant en vacances chez ses grands-parents, admirait en descendant de la route de la gare, mais où il ne pénétra sans doute jamais, n’a aucun droit à s’afficher comme un « Musée Alain-Fournier », puisqu’il n’abrite que des reproductions défraîchies datant de 1986.
À 6 km plus au Sud, en lisière de la forêt de Saint-Palais, non loin de Méry-ès-Bois, on peut encore découvrir les ruines de l’église et le beau logis abbatial de l’ancienne abbaye cistercienne de Loroy : ce fut sans doute le lieu d’inspiration du Domaine mystérieux, décor de « la Fête étrange ».
Nançay
Le village natal du père de l’écrivain est situé au cœur de la Sologne forestière : c’est le « pays des fins de vacances », qu’aimait particulièrement Alain-Fournier et dont il a fait « le Vieux-Nançay » dans la Troisième partie du roman : « chez Florentin », c’est-à-dire l’oncle Florent Raimbault, dont le magasin subsiste face à l’église : celui-ci préférait « avoir dix enfants » plutôt que de « faire fortune » avec sa clientèle de châtelains et de chasseurs. Dès la sortie du bourg, c’est « le cher pays de Sologne, inutile, taciturne et profond ».
Bourges
C’est surtout la cathédrale et les quartiers voisins dont il est question au chapitre 16 de la Troisième partie du roman : c’est là que Frantz de Galais avait rencontré Valentine et que Meaulnes tente de l’y retrouver.
2) Paris
Alain-Fournier a vécu dans la capitale près de la moitié de sa vie, d’abord entre 1898 et 1901 « dans les quartiers pauvres de Paris » qu’il évoque au chapitre 9 de la Troisième partie du roman, entre la rue de Charonne et le lycée Voltaire, ensuite à partir de 1903 au lycée Lakanal de Sceaux, puis au Quartier Latin, enfin rue Cassini, où il écrivit Le Grand Meaulnes ; il a marché dans la ville douze ans durant, d’abord les dimanches en débarquant à la gare du Luxembourg, puis pour se rendre au lycée Louis-le-Grand, à la caserne de Latour-Maubourg, au fort de Vanves, enfin au siège de Paris-Journal, derrière la Bourse ou chez Claude Casimir-Perier, près du Trocadéro. Il empruntait aussi tramways et autobus, ainsi que le métro naissant, et surtout les bateaux-mouches où il s’embarqua, un soir de juin, juste derrière Yvonne de Quiévrecourt.