On distingue cinq personnages principaux : trois adolescents, qui vont se lier par un serment d’amitié et deux jeunes filles qu’ils recherchent.
Par ordre d’entrée en scène dans le roman :
François Seurel
C’est le narrateur du roman, mais aucunement son héros. Enfant unique, il a quinze ans au début du livre et a été longtemps handicapé par une coxalgie . Ses parents sont instituteurs et il est encore l’élève de son père au Cours supérieur. Il devient l’ami, presque le frère d’Augustin Meaulnes, puis l’accompagne dans sa quête du Domaine mystérieux ; mais il est bien moins audacieux. Pourtant, c’est lui qui va trouver Yvonne de Galais et ménagera la rencontre entre les deux jeunes gens. Après le départ de Meaulnes, au lendemain des noces, il deviendra le confident d’Yvonne ; devenu légataire universel, il élèvera leur petite fille, jusqu’au retour de son ami dont il aura découvert le secret.
Augustin Meaulnes
Quand il arrive à Sainte-Agathe, il a dix-sept ans : grand, rude et silencieux, les cheveux ras comme un paysan, il aime la chasse et l’aventure et devient aussitôt l’entraîneur de ses camarades, car auprès de lui « tout est possible ». Orphelin de père, admiré par sa mère, il est en quête d’amour absolu et de perfection et ne peut s’accommoder de la vie de tout le monde. Pourtant il est poursuivi par le sentiment de la faute et sait que la joie n’est pas de ce monde. Il ne sent pas digne de sa jeune épouse qu’il abandonne au lendemain de ses noces.
Yvonne de Galais
La belle jeune fille du Domaine des Sablonnières, rencontrée au bord de l’étang et au cours de la promenade en bateau, est l’image même de la pureté inaccessible et l’objet d’un désir impossible. Sa présence est toujours mystérieuse et fugitive ; toutefois cette princesse lointaine est tout à fait raisonnable, bien ancrée dans la réalité, soumise à l’anxiété, à la maladie, à l’agonie ; elle meurt en donnant la vie. Son souhait serait d’enseigner les petits garçons et de se faire aimer d’eux. Elle est toujours prête à se sacrifier pour ceux qu’elle aime.
Frantz de Galais
Le frère d’Yvonne est tout l’opposé de celle-ci : il est instable et insouciant comme un « royal enfant » gâté, « impérieux et fantasque », exalté comme un « jeune héros romantique » errant « sur les routes d’Allemagne », suicidaire et pourtant vieilli avant l’âge – un âge jamais annoncé, indistinct : seulement « trop jeune pour se marier », selon l’oncle Florentin. Tout lui paraît permis et il vit dans le monde du jeu, d’un « jeu extraordinaire dont (on) ne connaît pas le fin mot » ; c’est un voyageur insaisissable. Avec François et Augustin, il pourrait constituer la troisième facette d’un visage composite où l’auteur du roman s’est sans doute souvent projeté.
Valentine Blondeau
Au contraire de l’aristocratique Yvonne, c’est la fille d’un tisserand, rencontrée à Bourges par Frantz qui en tombe amoureux ; mais, plus réaliste et peut-être plus volage que lui, elle le fuit parce qu’elle ne croit pas possible leur mariage et devient modiste à Paris. Elle n’apparaît jamais comme un personnage à part entière, seulement à travers le récit de la tante Moinel ou le journal de Meaulnes, jusqu’à son retour dans la maison de Frantz.
Les personnages secondaires
M. Seurel
Instituteur et directeur de l’école du village, il ne joue un rôle qu’au début du roman ; pêcheur du dimanche, il est un père souvent absent, mais un pédagogue attentif.
Millie
La mère de François prête une grande et tendre attention à son fils, mais c’est surtout une ménagère méthodique et une éducatrice assez rigide.
Jasmin Delouche
C’est l’autre grand de l’école, bientôt détrôné par Meaulnes dont il est jaloux, mais qu’il admirera après son départ. C’est lui qui, s’étant rapproché de François, va lui révéler le nom du Domaine mystérieux et retrouver les Bohémiens.
Ganache
Le pierrot de la « Fête étrange » est devenu le compagnon d’errance tout dévoué de Frantz de Galais et le clown triste du cirque, gestionnaire un peu voleur de leur duo de « bohémiens ».
L’oncle Florentin
Négociant de village, cordial, à la voix sonore de marchand forain, père d’une famille nombreuse et joyeuse ; c’est lui qui organise « la partie de plaisir ».
M. de Galais
Le père d’Yvonne et Frantz n’apparaît que dans la Troisième partie : vieux, veuf et ruiné après le mariage raté de son fils, il ne vit plus que pour sa fille et meurt de chagrin après sa mort.
La tante Moinel
Vieille paysanne invitée à la « Fête étrange », elle se révèle, dans la Troisième partie, être la grand-tante de François qui a recueilli Valentine et raconte de terrifiantes histoires de revenants : c’est le portrait le plus saisissant du roman.